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Le plus haut miroir

Fata Morgana, 1986

 

« On n’élève pas de tombeau à une langue.

        Au contraire des vivants, les langues ne retournent point au silence. Aux mille bruissements dont, parfois exemplairement, elles se sont distinguées, elles finissent par se confondre. Comme les vies, comme les rires, comme les siècles, elles ne sont que d’assez brefs intervalles entre les vents éternels ».

« En fine proses, comme autant de stèles en un cimetière peu à peu livré à la jachère, et que ne hantent plus que quelques amoureux en proie à leur “inhabileté fatale”, Richard Millet dresse le monument d’un sentiment, ébauche, ébranle, d’une touche légère, le mythe à venir d’Eurydice, et le fait naître des profondeurs de l’âme, d’une langue ignorée. Ainsi l’écrivain est tour à tour Orphée et Eurydice. Orphée lorsqu’il énonce la mort de cet occitan régional mais Eurydice lorsqu’il énonce en fait l’adieu à ce qui le constitue lui-même, c’est-à-dire sa propre langue, le français. »

Benoît Conort, Recueil

Image d'arrière-plan (modifiée) ©  Pjmgand / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

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